vendredi 11 octobre 2019

Chapitre 7...Tome 2 à la conquête de...

Vous l'attendiez,  il est là ! Chapitre 7 à lire Bonne lecture  :-)


"Je kiffe ma vie donc j’écris sur ma vie. J’aime pas ma vie j’écris quand même dessus, c’est comme un jeu…Je prends la vie comme un jeu"




7.


La quiétude de la villa servant de refuge monastique durant la semaine était perturbée par la venue des proches du Roi ; l’invasion barbare sonnait à ma porte le samedi matin, pour n’en partir que le lendemain vers 20 heures. Pendant ces deux jours de festivités auxquels je n’assistais que de loin, le silence de la semaine se muait toujours en un vacarme et remue-ménage frénétiques, un véritable sabbat, joies, cris, chahut assourdissant qui m’ont bien souvent dérangée. 

Au début, il m'arriva de penser qu'Il viendrait accompagner sa meute bruyante, insolente et sans gêne...Douce illusion.

Parmi la foule, une seule personne à mes yeux avait vraiment de l’importance. Telle une reine qui prend à cœur son rôle de souveraine : sa mère m’observait et veillait sur moi comme le fils le lui demandait. Teint hâlé, cheveux noirs coupés courts, l’œil vif et malicieux, j'ai cru un moment qu'elle pouvait comprendre - simplement, en tant que femme qui avait mis au monde plusieurs enfants...Alors je lui ai confié mes peines en lui parlant ouvertement de ce qui me contrariait le plus : l'absence durable de R. J’essayais de la convaincre : pourriez-vous lui dire de venir me voir ? Je me disais qu'elle aurait pitié, qu'elle comprendrait...Je lui laissais donc des messages parfois écrits. Mais comment aurais-je pu savoir si elle transmettait ces "bouteilles" qu'on jette à la mer par temps de désespoir ? 

Peu à peu je m’en suis méfiée, jusqu'à repousser sa proximité, je voyais que rien n'aboutissait, et par la suite je craignais qu'elle ne découvre mes activités clandestines et qu’elle ne les dévoile à son fils. Ainsi je ne me séparais jamais de mon Moleskine à l'intérieur duquel je notais mes observations, mes émotions, mes peurs, mes joies, mes projets, mes espoirs, mon futur. Pour les autres, les amis de R., immédiatement j’ai su qu’aucune conversation ne serait possible. Ils me regardaient comme quelqu’un d’étrangement anormal...Je n’avais aucune place parmi eux. J’étais éphémère ; certaines femmes intriguées osaient m’aborder en me jetant l’opprobre avec toujours les mêmes questions dont elles formulaient des réponses associées afin que je coche la case appropriée.

- Pourquoi mère porteuse ? Pour l'argent ? Pour la célébrité ? par désespoir ? me condamnaient-elles, en faisant des têtes de vieilles mégères détestables.

- Non par amour, répondais -je, de manière effrontée.

Elles pouffaient de rires en me regardant avec mépris ; je voyais dans leurs yeux que dégoût, qu'un marécage aux remugles d'égout, rat vénal capable d’enfanter sans se soucier de celui à naître, capable de disparaître du jour au lendemain comme si de rien n’était, sans la moindre compassion.

Leur visage n'affichait qu'ironie et mépris surtout lorsque je formulais mon insistante impatience : « L’argent n’a jamais été ma motivation. Ne devient-il pas père pour la première fois !?

Quel que fût l’étiage de leurs mauvaises pensées, rien n’aurait pu vaincre les corps qui s’étaient rapprochés, un soir d’été. Ma force était ma faiblesse à la fois ; je savais que l’enfant portait à jamais l’empreinte de cette nuit-là, marquait par cette grossesse qui était survenue miraculeusement, malgré le choix et le contrat qui en découlât par la suite. Lorsque j’ai compris que je ne pourrais jamais convaincre ces médisants, je les ai laissés avec leurs calomnies, avec leurs questions qui se terminaient si souvent ainsi : «moi, jn'aurais jamais pu»! 

Mais comment avouer mon désir de garder l’enfant, de convaincre R. de fonder une famille avec celui qui me regardait UNIQUEMENT comme un alinéa, une ligne d’un contrat que j’avais finalement trop vite signé... Comment pourrais-je me séparer de lui, de l’enfant, de tous mes projets ? 

Rejoindre l’évidence pour R. était impossible...puisque pour lui l’évidence était le contrat. 

Les deux derniers mois j’esquivais la matriarche aussi souvent que possible, prétextant une grande fatigue. Je restais allonger le plus clair du temps, enfermée dans ma chambre n'en sortant que pour les repas. Evidemment la version que je lui donnais n’était pas l'officielle, j’étais bien plus active qu’elle ne pensait. J’en profitais pour préparer mon plan de la semaine, mes stories, mes week-ends me servaient à rédiger ce que je vivais.

Car chaque jour j’avais de plus en plus d'inconnus qui suivaient ma drôle d'histoire que dis-je mon extraordinaire aventure. Jusqu'à la fin je les ai tenus en haleine sans jamais révéler le nom de celui qui m'avait fait endosser le destin de mère porteuse que je souhaitais voir disparaître à tout jamais...

J’avais une voix, une sacré voix qui ne demandait qu’à s'exprimer et à ajouter une signature, une nouvelle version au contrat ! J’avais réussi à obtenir des soutiens importants. Je devais mon succès à l’enfant à naître, celui par qui le combat était arrivé et qui s'intensifiait de jour en jour ! 

Au départ, je n'aimais pas tellement la tournure que ma vie prenait, je n'aimais pas ma vie, mais à force de la décrire et de la partager j'ai commencé à me prendre au jeu, à me prendre à mon propre jeu - et à l'aimer de plus en plus malgré les obstacles. Briser cette destinée imposée était le lien sacré qui m’unissait à l'enfant. Un lien que rien n'aurait pu rompre...

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