ça continue...
un nouveau chapitre à découvrir
#chapitre 6
"Le temps passe et n’attend personne."
6.
D’autres
histoires que me lisait mon professeur, d’autres mots eurent l’effet de me réveiller,
d’éveiller mon esprit endormi par l’autorité du roi et de son contrat…La première fois que j'ai lu ces quelques mots, quatre semaines s'étaient déjà écoulées. Rien
n’était arrivé comme je l’avais ardemment souhaité. Toujours le même appel téléphonique chronométré imposé à heure fixe, et toujours pas la moindre présence physique de R. Même si sa famille squattait chaque fin de
semaine, j’ai très vite compris que mon avenir ne se résumerait
jamais en ces quelques mots « ils se marièrent, vécurent
heureux, et eurent...» Avec
Professeur Lopez j’étudiais des auteurs, et parmi les livres qu’il
me donnait à lire soit en français soit en portugais, pour combler
la solitude du soir venu des débuts, j’ai noté sur mon cahier comme une étudiante studieuse, ce paragraphe qui résonna intensément comme une évidence :
« Le temps passe et n’attend
personne. Toutes les amarres du monde ne sauraient le retenir. Il n’a
pas de port d’attache, le temps ; ce n’est qu’un coup de vent
qui passe et qui ne se retourne pas.»
Le déclic est arrivé un soir ; je relisais ces phrases inlassablement depuis quelques minutes ; et elles finirent par produire leur effet, la révélation que j'attendais tant...
Dehors,
je me souviens d’une pluie tonitruante, d’un hiver qui jouait les
prolongations ; la pluie tombait intensément sur les volets de ma
chambre comme un son de tambours annonçant une ère nouvelle !
La
mécanique de mon cœur s’étant grippé, il y avait comme un bruit
de ferraille à l’intérieur, la sève ne coulait plus dans mes
veines pas autant qu’au début disons et ce sont des larmes qui ont
roulé sans s’arrêter sur mes joues, ce soir-là, j’ai pris conscience et surtout la décision d’arrêter de me lamenter et de stopper net l'emprise insensée, en trouvant le chemin qui briserait le miroir de cette existence sous
contrôle à laquelle j’avais souscrite avec une certaine
frivolité.
Ajouter de nouvelles lignes au contrat est ce que je souhaitais le plus...Je
me demande aujourd’hui encore ce que je serai devenue enfermée
dans cette demeure si bien ordonnée, avec tous ces doutes et ressentiments...Si
je n'avais pas su, si j'avais juste attendu naïvement qu’on vienne me délivrer, personne n'aurait pu le faire à ma place.
Peut-être
aurais-je fini par me soumettre ou devenir folle ? Je ne voulais pas d’un tel
destin, encore moins pour mon enfant...D’autant
que l'attachement
pour
cet être grandissait et devenait
de
plus en plus intense ; l'idée
de m'en séparer de moins en moins envisageable...
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