Extrait du roman "Entre leurs jambes" - Chapitre 5
Natacha et Julie
"Lorsqu’elle
s’installa en face de moi avec cet air abattu, je compris
instantanément, que sa soirée de la veille avait été un échec,
décevante comme les autres, surtout depuis qu’elle s’entêtait à
trouver l’homme idéal. L’homme idéal, c’était quoi ?
Pour elle, il n’avait ni les yeux bleus, ni les yeux marron, il
n’était ni brun, ni blond, il n’avait pas vraiment de visage.
C’était selon ses affirmations, un ressenti, un feeling, une
affinité qu’elle recherchait. Rien de palpable, en somme.
Décidément, elle était bizarre, ma sœur !
En
l’écoutant s’apitoyer sur son sort, je ne comprenais
vraiment pas pourquoi elle s’évertuait avec acharnement à trouver
l’homme de sa vie ! Cette façon de « vouloir trouver
chaussures à son pied » me faisait sourire.
Les chaussures, des mecs, il y en avait tellement plus d’un avec lesquels elle pouvait prendre son pied ! Bon dieu,
qu’elle profite de sa jeunesse, de son charme et de son
intelligence et même si j’étais mal placée pour lui donner des
conseils, je ne pouvais pas m’empêcher de lui avouer qu’il
viendrait bien assez tôt. Et puis, s’il ne venait pas, quoi ?
Ce n’était pas la fin du monde ! « Ne perd pas ton
temps à chercher, essaie de donner plutôt un sens à ta vie ! »
Cependant,
avais-je le droit de la raisonner ? Moi qui avais fait des
hommes mon fonds de commerce, je n’oubliais pas qu’une partie de
ma vie n’était que mensonges pour dissimuler l’opprobre de ma
profession ! Pourtant, ça me rendait tellement dingue de la
voir ainsi dépitée, d’entendre ses lamentations du genre :
« que seul un homme pourrait la rendre heureuse, qu’elle
lierait son existence à la sienne…et bien d’autres conneries
farfelues ! Ma sœur avait de l’esprit, le sens des valeurs et
elle jouissait d’une incroyable liberté dont elle ne mesurait pas
à quel point elle était grande ! Elle ignorait à quel point
j’étais programmée pour faire la belle, pour exécuter ce qu’on
me demandait sans que jamais je puisse donner mon avis ou qu’on me
donne l’occasion de m’exprimer. Baisser son froc était loin
d’être glorieux même si beaucoup pensaient que c’était de
l’argent gagné facilement, en pratiquant, j’ai compris
instantanément le sens des mots humiliation, avilissant, rabaissant,
infamant"
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