mardi 28 avril 2015

Extrait - Le cri des vieux

Extrait - Chapitre 4
Un personnage important du roman présenté dans ce chapitre. Découvrez une partie de son histoire. 


"J’arrivai à la résidence Le Saule le jour de mon soixante-seizième anniversaire.
En cette fin d’après-midi d’automne, accompagné de mon tuteur, j’avais posé mes deux valises de souvenirs de toute une vie amoncelés à la va-vite dans cette chambre aux rideaux blancs tirés sur 12 m².
Contre le mur, un lit et autour de moi un vide qui résonnait comme un cri de désespoir. Personne ne semblait m’entendre. Personne. Pourtant sur mon dossier était inscrit en lettres capitales à l’encre rouge, un mot, un seul qui avait provoqué mon immense désarroi : ADMISSIBLE. La violence avaient été l’une des raisons de ce brusque changement. Selon moi, la raison était ailleurs.
Avant toute cette malheureuse histoire, j’habitais un joli appartement au centre ville. Avec mon épouse, j’avais acheté un trois pièces au premier étage, quand les prix étaient encore abordables aux ménages les plus modestes. Avant, j’étais conducteur de trains et ma femme, employée au service administratif d’une entreprise de textile. Nous étions heureux, malgré l’absence d’enfants que nous n’avions pas eu la chance d’avoir, à cause de ma stérilité.
A la mort de ma femme, ma nièce que je considérais comme ma fille me proposa d’habiter avec sa famille, à l’étranger Tu verras, tu te sentiras bien avec nous, avait-elle insisté.
Je ne sais pas ce qui me poussa à refuser, un mélange de peurs accumulées, peur de l’inconnu, peur de perdre mes repères, ou ces nombreux souvenirs que j’avais accumulés au fil des ans. Quoi qu’il advienne, j’avais décidé de continuer mon existence là où je l’avais construite.
Contrairement à ce que certains pensaient, la solitude ne m’atteignait pas mais inconsciemment, je devais la projeter sur les autres comme un mal être. Car j’ai beau chercher le moment où tout a basculé, je n’arrive pas à comprendre comment toutes ces histoires ont pu tourner aussi tragiquement.
Chaque jour, j’avais un tas de loisirs différents qui remplissaient mes journées agréablement sans voir le temps passer. J’adorais construire des maquettes de trains, j’aimais aussi sortir pêcher avec mon fidèle ami, les après-midi. Depuis peu, je faisais des balades avec Brigitte que j’avais rencontrée grâce à une annonce dans un journal local. Il aurait été peut-être question un jour d’emménager ensemble, si je n’avais pas eu toutes ses peines accumulées qui provoquèrent ma chute. Les responsables, ce sont mes voisins qui s’installèrent un mois d’été, sans que je n’y prête guère d’attention. Pourtant, dès les premiers jours, ils projetèrent sur moi une sorte de haine ou de mépris. Je ne sais pas ce que je leur renvoyais précisément, pour que cette violence jaillisse si brusquement ? Je m’en veux presque maintenant de n’avoir rien dit, ni même de ne pas avoir su me défendre correctement…

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