Extrait - Chapitre 4
Un personnage important du roman présenté dans ce chapitre. Découvrez une partie de son histoire.
"J’arrivai
à la résidence Le Saule le jour de mon soixante-seizième
anniversaire.
En
cette fin d’après-midi d’automne, accompagné de mon tuteur,
j’avais posé mes deux valises de souvenirs de toute une vie
amoncelés à la va-vite dans cette chambre aux rideaux blancs tirés
sur 12 m².
Contre
le mur, un lit et autour de moi un vide qui résonnait comme un cri
de désespoir. Personne ne semblait m’entendre. Personne. Pourtant
sur mon dossier était inscrit en lettres capitales à l’encre
rouge, un mot, un seul qui avait provoqué mon immense désarroi :
ADMISSIBLE.
La violence avaient été l’une des raisons de ce brusque
changement. Selon moi, la raison était ailleurs.
Avant
toute cette malheureuse histoire, j’habitais un joli
appartement au centre ville. Avec mon épouse, j’avais acheté un
trois pièces au premier étage, quand les prix étaient encore
abordables aux ménages les plus modestes. Avant, j’étais
conducteur de trains et ma femme, employée au service
administratif d’une entreprise de textile. Nous étions heureux,
malgré l’absence d’enfants que nous n’avions pas eu la chance
d’avoir, à cause de ma stérilité.
A
la mort de ma femme, ma nièce que je considérais comme ma fille me
proposa d’habiter avec sa famille, à l’étranger Tu verras,
tu te sentiras bien avec nous, avait-elle insisté.
Je
ne sais pas ce qui me poussa à refuser, un mélange de peurs
accumulées, peur de l’inconnu, peur de perdre mes repères, ou ces
nombreux souvenirs que j’avais accumulés au fil des ans. Quoi
qu’il advienne, j’avais décidé de continuer mon existence là
où je l’avais construite.
Contrairement
à ce que certains pensaient, la solitude ne m’atteignait pas mais
inconsciemment, je devais la projeter sur les autres comme un mal
être. Car j’ai beau chercher le moment où tout a basculé, je
n’arrive pas à comprendre comment toutes ces histoires ont pu
tourner aussi tragiquement.
Chaque
jour, j’avais un tas de loisirs différents qui remplissaient mes
journées agréablement sans voir le temps passer. J’adorais
construire des maquettes de trains, j’aimais aussi sortir pêcher
avec mon fidèle ami, les après-midi. Depuis peu, je faisais des
balades avec Brigitte que j’avais rencontrée grâce à une annonce
dans un journal local. Il aurait été peut-être question un jour d’emménager ensemble, si je n’avais pas eu toutes ses peines
accumulées qui provoquèrent ma chute. Les responsables, ce sont
mes voisins qui s’installèrent un mois d’été, sans que je
n’y prête guère d’attention. Pourtant,
dès les premiers jours, ils projetèrent sur moi une sorte de haine
ou de mépris. Je ne sais pas ce que je leur renvoyais précisément,
pour que cette violence jaillisse si brusquement ? Je m’en
veux presque maintenant de n’avoir rien dit, ni même de ne pas
avoir su me défendre correctement…
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