vendredi 4 mars 2022

Chapitre 9 "On peut retoucher une œuvre construite, on ne peut pas retoucher un cri"

 

J-27

«On peut retoucher une œuvre construite, on ne peut pas retoucher un cri» - j'aime bien cette phrase empruntée dans un des livres de Bernard Clavel.

Ma recherche s’intensifie. Mes allocations sont bientôt «périmés».

À J-27, je me fixe plus d'objectifs : j'établis un planning de rendez-vous, une liste de noms des personnes contactées avec la date accolée.

J'ai une horloge, un métronome, un tic tac continuel dans mon cerveau. Mercure en a marre! Il est beaucoup trop sollicité.

Je pense aux autres Emplologues (ceux qui n'ont pas choisi de l'être, pas comme moi disons), ceux qui combattent pour sortir de l'impasse.

Les licenciements en masse, les industries qui délocalisent, la fermeture des entreprises font naître beaucoup d'entre eux.

À l'intérieur de ma «communauté», certains collègues obtiennent une mission à temps partiel.

La rémunération correspond à la moitié d’un SMIC, pas davantage.

On appelle ça comment?! Le Boss ne peut pas faire mieux «Avec la conjoncture actuelle, avec la crise, c’est compliqué...» explique-t-il.

La faute à la crise...Phrase simpliste dont tout le monde se contente.

Cela n'empêche pas certains patrons de racheter des entreprises, et parce qu’ils possèdent d’autres entreprises peuvent se permettre de sauver des travailleurs embauchés avec un salaire dérisoire. Parfois le travail est réparti sur la journée. Il est donc impossible d'avoir un autre mi-temps pour compléter le revenu.

Monsieur Paul intervient parfois en versant le complément d'allocation pendant un temps déterminé, quelques mois seulement. 4 heures de travail rémunérés par jour, c’est mieux que rien, mais le bénévolat n'est pas loin.

Or ce n’est pas la vocation de l’Emplologue d'être bénévole...

Aujourd'hui mon amie Natacha s'est éloignée des recherches. Elle croit dorénavant au miracle!

Pour le moment elle se sent légère, elle vient d'obtenir une stabilité en signant un CDI. Elle semble encore avoir du mal à y croire. Fini le titre du roman de Romain Gary. Dorénavant, elle évoque une renaissance.

Être Emplologue n'est pas une vocation. Juste une parenthèse, un passage...Pour une minorité, c'est une philosophie, un état d'esprit, une façon de vivre! Ce n’est pas une contrainte ou un désarroi mais une forme de liberté retrouvée, un éloignement pendant un temps du système oppressant contraignant des hommes à la soumission.

Besoin d'insoumission, refus d'obéissance. «Plutôt marcher debout que de vivre à genoux» écrivait Camus. À J-27 une confusion s'installe. Ai-je fait le bon choix? Le marché du travail est si volatil.

Je me demande si être Emplologue six mois sur douze n'est pas un peu risqué actuellement.

Les fouilles sont devenues une obsession, malgré mes recherches intensives, elles n'aboutissent nulle part!

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