J- 26
Je ne peux pas prétendre à certaines offres. Ce n'est pas qu'une question de diplômes, les nouvelles technologies, pratiques ou compétences sont à mettre à jour continuellement...
D'ailleurs, c'est le cas d'un ami qui sélectionne des offres selon des critères bien précis selon ses diplômes, mais depuis quelque temps il s'aperçoit que les cinq années après le baccalauréat coûtent à l'entreprise.
Il doit revoir ses prétentions «salariales» à la baisse, accepter d'être embauché sur des postes moins qualifiés, moins bien payés.
Son parcours est méritant, pourtant son avenir n'est pas à la hauteur de ses années passées à étudier! Malgré les entretiens passés, il ne signe aucun contrat.
Pour moi, les entretiens qui se sont déroulés dernièrement n'ont pas été couronnés de succès. Il y a eu le recruteur me reprochant de ne pas avoir suffisamment de compétences administratives, comme si c'était une compétence extraordinaire, unique et compliqué à obtenir!
«Votre parcours est très polyvalent, du coup dans quelle compétence êtes-vous le plus à l'aise ou aspirez-vous à être le plus à l'aise?»
Sûrement fallait-il répondre «compétences administratives»...
Puis il enchaîne «Est-ce que vous avez cette envie (folle, non je plaisante) de travailler dans un secteur aussi technique. Le secteur de l'eau vous intéresse-t-il?»
Alors en plus d'avoir des compétences, il faut avoir un feeling avec le secteur d'activité...Tant que tu ne vends pas des chars pour tuer des gens ou bien que l’entreprise ne finance pas la prostitution ou les réseaux de pédophiles, de toute évidence, je m'en fous du secteur, je veux avoir une paie à la fin du mois,…
La même semaine, un autre entretien a connu la même trajectoire avec une montée d'agressivité de la part de la femme qui recrutait.
En face de moi, une quinquagénaire se prenant pour une juge.
Rapidement elle me reproche de ne pas répondre «correctement» à ses questions: «Vous avez entendu la question que je vous ai posée?!» a-t-elle dit avec un ton condescendant qui m'a surpris par son insolence.
- «Oui, ai-je répondu avec docilité
- Alors reformulez-la!»
Face à son autorité, je vacille, je ne trouve plus la question telle qu'elle me l'a posée à la virgule près, quelques secondes auparavant.
Je me demande surtout comment la faire taire, lui dire de me parler sur un autre ton. Malheureusement je ne dis rien, je tente gentiment de reformuler la question telle qu'elle me l'a posée. Plus je cherche, moins ça vient. Plus je me perds, plus je me sens mal à l’aise.
Finalement j'abandonne et reformule la question.
Si ma réponse ne lui convient pas, il m'est impossible de lui en servir une autre. Il faudra qu'elle s'en contente! Malgré ma docilité apparente, ma partie énervée pour l’instant immergée ne demande qu'à s'exprimer. Je l'ai dans le collimateur, je vais bien trouver une réplique.
Une fois sa liste de questions épuisées, l'heure de la vengeance sonne, j'ai aussi une liste aussi de questions ciblées pour cette dame, j'endosse le rôle de la future embauchée.
- «Où se trouve mon bureau? De combien d'ordinateurs vais-je disposer? Quels logiciels utilisent l'entreprise? Montrez-moi mon bureau».
Les questions s'enchaînent, et ça la déchaîne, malgré tout elle garde son calme.
Une autre question mais formulée uniquement en mon for intérieur:
«Où sont les WC?» comme une métaphore à l'entretien «merdique» que je suis en train de subir!
Je la trouve subitement beaucoup moins impressionnante!
J'apprécie vraiment de lui faire perdre son temps autant qu'elle me le fait perdre.
Elle n'arrive pas à répondre à la plupart de mes questions. La voilà ma vengeance! Je lui jette un air suspicieux, l'air de dire:
- «Quoi!? Vous ne pouvez pas répondre à la question, mais vous êtes qui en fait ?! Une chieuse de recruteuse qui fait perdre du temps aux gens!».
Sourcils froncés, je jette sur elle un discrédit. Je rêve de la planter avec mes mots violents, avec la même force et brutalité dont elle fait preuve envers moi. Je suis bien trop polie pour en arriver jusque là.
Je me contente de multiplier les questions juste pour l'entendre répondre qu'elle ne sait pas. Je sais par expérience que je n'aurai pas le poste, fort heureusement.
Un sentiment d'avoir failli me submerge un court instant.
Au fond je suis soulagée de ne pas y travailler! Ces rencontres là fragilisent le mental de l'Emplologue. Je dois me soumettre aux questions, seulement pour espérer décrocher un bout de contrat pendant un temps.
Lorsque ma mission se termine, lorsque je redeviens Emplologue, je m'oblige à chercher sans trop attendre, car je ne peux plus m'éloigner trop longtemps du monde du travail.
Les entreprises sont à la recherche d'un idéal, un profil correspondant à la virgule à leur souhait.
Il est 9heures. Après un petit-déjeuner avalé à la hâte, je replonge dans mes recherches pour emprunter une direction qui m’éloigne au plus vite de mon métier actuel…
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