mercredi 9 février 2022

PROLOGUE

 


De la fenêtre de sa chambre, elle regarde l'aube comme la promesse d'un jour qui serait différent de la veille.

Claire a 48 ans aujourd'hui. Elle n'a ni le cœur, ni l'esprit à la fête. Un autre chiffre la préoccupe...Pour oublier cette nervosité grandissante, elle imagine un autre avenir.

Dernièrement pour remplacer le mot qui écorche ses lendemains, elle pense à des métiers savants : anthropologue, paléontologue, archéologue, papyrologue, primatologue...Le mot inventé possède la même terminaison.

Il contient le mot «emploi». Elle enlève le «i» car il fait trop sourire.

Ce métier se compose en deux parties :

  • Emplo pour faire référence à "emploi" ;

  • Logie du grec logos, pour "l'étude", «chercheur»

    Le mot est né: «Emplologue» signifie «chercheur d'emploi».

Elle invente deux points en commun avec ces métiers savants.

Le premier: le temps consacré à ses recherches...

Qu'est-ce qu'elle cherche déjà? Un contrat sur lequel griffonner ses initiales en bas de pages

Le deuxième point commun est de comprendre la situation «Pourquoi ses recherches sont infructueuses». «Pourquoi le marché du travail est-il aussi ficelé que Toutankamon?»

À l'instar de ces métiers savants, elle n'étudie pas d'ossements, de ruines, de papyrus, de pierres volcaniques, non ce sont des offres d'emploi au milieu d'un vaste chantier appelé le «marché du travail».

Elle cherche un bureau, un ordinateur, un clavier pour taper des chiffres et des lettres. Un travail d'employé de bureau - rien d'extraordinaire...

Au moment où elle invente le mot "Emplologue" elle décide d'écrire son journal qu'elle intitule tout naturellement:

«Le Journal d’une Emplologue»

Au début, ce sont des mots, puis des phrases, des paragraphes se transformant en chapitres à mesure que les pages se tournent.

Elle n'écrit pas un roman, ni une nouvelle. Les personnages n'ont ni le parfum, ni la légèreté, ni la gravité des protagonistes d'un roman. Ils sont beaucoup trop enfermés dans des consignes pour être capable de liberté.

L'encre de son stylo coulera durant 36 jours. Je tiens entre mes mains ce journal, «trésor sociétal», pensé-je.

Le «je» appartient à Claire qui déverse ses peines, ses joies, ses angoisses, ses rires liés à l'univers du travail opaque à l'intérieur duquel elle tourne comme un poisson dans un bocal. Chaque jour, un nouveau chapitre, le dernier sera le 36ième.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Pour publier un commentaire, voici la marche à suivre :
1/ Ecrivez votre texte dans le formulaire de saisie.
2/ Si vous avez un compte blogger, vous pouvez vous identifier dans la liste déroulante - sinon toujours dans la liste déroulante, choisir "Anonyme"
3/ Valider le message
Merci !