lundi 28 février 2022

Chapitre 7 "Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable"

 J- 29

 

        Mon amie Natacha s'inspire beaucoup du titre du roman de Romain Gary: «Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable» pour évoquer sa vie professionnelle.

À 48 ans elle a peur d'être Emplologue à vie (enfin ce qui en reste jusqu'à la retraite). Elle pense ne plus être capable de trouver d'emploi stable. Pourtant, elle a des compétences, et elle n'a pas envie de faire comme si elle était une débutante. Ce qui se traduit par quelques exigences: elle cherche un salaire plus grand qu'un SMIC, un travail intéressant pas trop éloigné de son domicile. Bref elle a des exigences, il y a des choses qu'elle n'accepte pas.

Elle pensa à cette société qui la burquanise, la met dans les cases. Elle n'est plus aussi dynamique, jeune, souriante agréable qu'avant....un peu chiante même!

Naturellement des angoisses apparaissent et l'obligent à se confronter avec elle-même et aux autres.

La société murmure que la femme à 20 ans manque d'expérience, à 30 elle s'occupe (à faire) des enfants, à 40 elle est moins fraîche qu'à 20, et après 50 ans, elle continue de s'affaiblir...

Au cours de mes entretiens, l’âge s'immisce souvent dans la conversation par des questions: «Avez-vous déjà signé un CDI?» ou bien encore :«Pourquoi ne jamais avoir signé un contrat à durée indéterminé depuis toutes ces années? (ce qui sous entend à votre âge)»

«Avec votre expérience, vous ne seriez pas née à la préhistoire?» C'est comme si je demandais à un célibataire de 40 ans sans enfants, pourquoi il n’a jamais fondé de famille? Est-ce par manque de volonté, d'opportunité ou bien lié à une déficience hormonale ou mentale?

Mes trouvailles éphémères ont toujours été la volonté de ne pas signer à vie sur un poste qui me rend aussi immobile qu'une chaise de bureau.

J'ai le mal de mer lorsque j'entends CDI. Envie de vomir, l'envie d'en finir. J'ai beaucoup trop d'affection pour mon esprit pour lui imposer ces trois lettres prisonnières.

Lui offrir le meilleur, ce qui a de mieux pour son éveil m'encourage à poursuivre sur le chemin de la créativité, de la liberté éloignant pendant un temps ce satané capitalisme primaire qui lance ses miettes comme Cupidon ses flèches empoissonnées.

Pourtant lorsque mes recherches s'intensifient, elles m'atteignent, et je deviens en effet une capitaliste. J'ai l'obsession du chiffre, de l’horaire, de l'accumulation, je cours, cours, cours, je réfléchis peu. Je sors la glaive et l'épée. Je multiplie les appels, les candidatures, les recherches.

Je m'invente des scénarii probables, des scénarii improbables. Je manque d'oxygène, je cogite, je stresse, j'oublie que la vie peut être simple et douce…


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